Championnat d’Europe de DN – Jour 1

Championnat d’Europe de DN – Jour 1

3 manches pour cette première journée dans du vent léger, sous un beau soleil et sur une glace un peu rugueuse. La flotte de 119 concurrents est donc divisée en 3 ronds : or, argent et bronze en fonction de son « ranking » mondial sur les deux dernières années. Je commence donc en argent où la première manche est qualificative pour l’or… Les 12 premiers passent, les autres restent. Une seule manche, pas de joker… 
Le tirage au sort me donne en position 47 soit à l’extrémité droite de la ligne… Le mauvais côté, car la couche de neige est légèrement plus épaisse sur la droite du plan d’eau donc ça freine un peu plus. Avec le peu de vent ça engendre des sacrées différences… Heureusement j’ai pu le voir donc je vire dès que possible mais il y a tellement peu de vent que je dois re-pousser le bateau après le virement… Je passe dans les 20 là-haut mais je remonte lors des 3 tours pour arracher… La 12e place ! Puff ! Qualifié de justesse pour le rond or !! Ca, c’est bien ! 
La suite était plus difficile : peu de vent et toujours ce mauvais côté sur le départ pour la première manche du rond or, je fais 2,5 tours autour de la 25e place puis en perd 10 sur le dernier tour. Pas à l’aise en vitesse, peu d’opportunités de tactique (c’est un peu les bords obligatoires) et surtout, apparemment je n’ai pas les patins qu’il faut pour ces conditions… Un peu frustrant je finis 36e… 
Manche suivante je pars enfin du côté pair donc gauche, celui qui est favorable. Bon départ, passage dans les 10 premiers à la première bouée au vent puis le reste de la manche je me fais passer par tous les côtés en vitesse pure… Je finis 27e… Bref il faut accepter ce genre du journée et voir le positif! C’est sûr que de se battre en rond Or ca veut dire se battre contre plus fort que soi et c’est bien pour cela que je viens faire ce genre de course. Le tout c’est de se remettre en question, travailler ce qui doit l’être et progresser. 
Demain on remet ca ! Esperons qu’il y ait un peu plus de vent ! En tout cas c’était superbe sous ce beau soleil bas d’hiver nordique !! J’ai pris un maximum de plaisir !!

Tour d’Europe !

Tour d’Europe !

Quelques news ! Hier on s’est donc déplacés comme prévu sur l’ile de Saaremaa, mais il s’est mis à neiger énormément, de la belle neige bien fraîche, douce et virevoltante dans la lueur blafarde du jour nordique. Si c’était très poétique, en revanche ça nous a pourri notre belle glace et donc nous n’avons pu naviguer. On est allés vérifier la glace à pied avec nos pics à glace – les pointes que l’on a autour du cou, qui nous servent à remonter sur la glace glissante si jamais on passe à travers… – le quad, les perceuses et autres engins pour trouer la couche gelée. 
On a trouvé une belle surface mais trop de neige et des endroits avec une double couche – ce qui est très dangereux car ça peut ceder plus facilement. D’ailleurs en marchant on a entendu un gros « crack »… Le cardio à 250, on a gentiment fait demi-tour pour trouver une autre issue! Mais dans les faits on ne risquait pas grand chose car le fond était juste au-dessous de la glace et c’est d’ailleurs souvent sur les bords que ça fait ce phénomène… 
Bref retour prématuré à l’hôtel où tout le monde arrivait après un demi tour d’Europe, pour se faire dire que la course aura finalement lieu en… Pologne !!!! 800km et 14h plus loin ! Aie. Du coup on s’est vengés au spa, à alterner entre sauna et bassin frais dehors dans la neige, un immense bonheur, croyez moi!!! 
Ce soir on arrive donc à Nikolajki dans le nord de la Pologne, encore 2 h de route, sous une fine neige et des températures négatives, on aura donc traversé l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et nous voilà en Pologne ! 
Demain on chausse les chaussures à pointes et les patins sur nos engins ! Espérons que les conditions soient bonnes ! Et d’ailleurs avec ces changements de programme ils ont décalé la compétition d’une journée et ça commencera donc mercredi mais finira samedi soit un jour plus tard !

En attendant le championnat !

En attendant le championnat !

Et le championnat d’Europe de DN commencera donc à : (Roulements de tambours…) Saaremaa !! A 50km d’ici en Estonie !! 
Ca c’est une bonne nouvelle car étant déjà sur place ça va nous faire gagner du temps et de la fatigue. Le choix a été fait par le comité hongrois et international en charge de l’organisation qui sillonne toute l’Europe à la recherche de la bonne glace, en voiture depuis la Hongrie jusqu’à la Suède (motivés les gars quand même !). Il se trouve que vu l’état actuel c’est pas fou mais c’est chez nous qu’il y a la meilleure apparemment! 
Du coup cette semaine on en a profité pour aligner et polir les patins et faire deux ou trois bricoles mais globalement tout était prêt ! Alors j’ai regardé la neige tomber (un peu), je suis allé voir les changements de surface de la glace, avec des couches de neige et de pluie qui regèlent c’est intéressant, je suis allé me réchauffer au sauna… 
Mais surtout, j’ai (beaucoup) préparé mes améliorations pour mes petits bolides, en préparant une 3D avec quelques trucs sympas pour mon moth qui sont en cours de tests numériques… L’idée est de quantifier les gains avant de lancer le chantier, histoire d’optimiser un peu et de ne pas dépenser du temps de l’argent et de l’énergie dans quelque chose qui ne fonctionne pas. Comme les gros bateaux ! C’est ça qui me plait dans mon projet c’est qu’avec mon petit budget j’arrive à aller au bout des choses, faire du travail d’optimisation réels comme les grands et avec des gens talentueux, et tout cela en navigant beaucoup à côté. Il n’y a pas de secret il faut travailler et passer des heures pour progresser ! 
Bref j’ai pas perdu mon temps ces derniers jours même si je n’ai pas re-navigué cette semaine !

Première course de l’année en Estonie !

Première course de l’année en Estonie !

Me voilà de retour sur la glace en Estonie depuis quelques jours, en préparation des championnats d’Europe de DN – voiliers sur glace – qui auront lieu quelque part en Europe de l’Est… 
Ce sera la surprise en fonction des conditions de glace et on ne saura que 3 jours avant le début de l’épreuve et même en cours de compétition on peut être amenés à changer de pays… Pour la logistique c’est pas hyper pratique mais c’est le jeu ! 
Je suis arrivé vendredi soir à Tallinn, et j’ai enchaîné avec une course dès le lendemain matin sur un lac près de Parnu, à 1h30 de route de Haapsalu où nous sommes basés. Peu de vent et une glace pleine de bosses, c’était pour moi des conditions inédites ! L’objectif était de retrouver les sensations de l’an dernier et de s’approprier le réglage de mon nouveau mât et mes nouveaux patins de mon fier DN ! Objectif rempli puisque je finis au pied du podium à une belle 4ème place sur 15 participants et juste derrière le champion du monde jeune. Sur la fin je me suis senti beaucoup plus en phase avec mon bateau et j’allais vite, j’ai même fini par une manche de second ! 
Hier c’était manches d’entrainements à Haapsalu sur une glace très différente : la mer était gelée mais pas très froide, donc plutôt de la neige un peu salée compactée. C’était une glace moins dure donc pas rapide à nouveau avec, à quelques endroits, une couche de neige gelée par-dessus qui freinait énormément. Le vent est rentré en cours de journée ce qui nous a obligés à changer nos réglages. Super intéressant ! 
J’ai appris plein de choses encore et c’est bien ce qui compte ! La pointe de vitesse d’hier fut de 37,7 noeuds soit 70km/h ce qui n’est pas du tout rapide. Avec une bonne glace bien dure et lisse et du vent, ces engins peuvent filer à 135km/h !! 
J’ai vraiment hâte de découvrir ces vitesses supersoniques !! 
Programme de la semaine : entrainement et préparation du matériel et départ vendredi pour le lieu du championnat ! 
Stay tuned

Meilleurs voeux !

Meilleurs voeux !

Bonne année ! Que cette nouvelle année vous donne l’énergie de vous dépasser pour réaliser ce qui vous est cher, vous remettre en question et progresser. 
Je vous souhaite d’ouvrir les yeux sur les petites choses qui vont bien, de regarder devant avec espoir et optimisme, en ayant l’envie d’avancer dans la bonne direction. Ce qu’il faut, c’est l’envie, et un brin de folie pour se dire que c’est ça la vérité, notre vérité qui compte. Et alors apprendre à voler pour aller chercher votre propre ciel. Et oui car comme le disent si bien nos amis anglais : « Sky’s the limit ». 
Et comme le répond le très sage Oscar Wilde « Il faut toujours viser la lune, si vous la ratez, vous atterrirez parmi les étoiles ». 
Bon vol à tous !! 
Benoit

Expérience givrée en Estonie : Le championnat du monde !

Expérience givrée en Estonie : Le championnat du monde !

Me voilà de retour d’un beau voyage dans le grand Nord, au pays du froid et des voiliers qui rayent la glace à toute allure !
Un voyage d’apprentissage d’un nouveau support, qui m’a permis d’énormément apprendre, travailler et progresser dans divers domaines : technique, avec l’ensemble des réglages disponibles sur ce petit voilier qui fonctionne avec la souplesse – a contrario de ce que l’on trouve sur l’eau – en tactique avec des manches qui se déroulent à 40 noeuds, en conduite avec des trajectoires dictées par la construction du vent apparent… 
Un voyage d’une immense richesse, accueilli comme un prince par un grand champion de voiliers sur glace, Vaiko Voorema, dont la gentillesse n’a d’égal que le talent… J’ai pris connaissance du DN (c’est le nom de la série) à mon arrivée à Haapsalu, petite ville de la côte Ouest de l’Estonie, à 1h30 de car de Tallinn, la capitale.
Quelques jours pour finir la construction, l’accastillage et le réglage de mon nouveau bolide tout neuf en compagnie de mon mentor, avant d’aller le baptiser lors du championnat d’Estonie… Je découvre la glace, le terrain de jeu enneigé, les multiples réglages. Le plus intéressant sur ce voilier est ce mât qui plie sous charge, permettant une autorégulation du moment de chavirage, ce qui plaque le voilier sur ses patins pour mieux accélérer une fois lancé à pleine vitesse. Malheureusement, le vent est léger et ne permet de courir qu’une seule journée, dans un vent léger et sur une glace enneigée donc collante. Je finis le championnat de découverte à une très belle 7e place sur 24 concurrents. 
La suite se fera en Pologne, où nous fuyons la vague de froid sibérien pour des lacs vierges de neige. D’abord à Gizycko, où nous nous entrainons une journée dans de la neige fraiche et légère qui fait virevolter nos sillages, puis le lendemain à Szczecinek sur un petit lac vierge de toute neige, à quelques 400km de Berlin, soit 1500km de notre point de départ estonien. Là, je découvre ce que « la glisse » signifie. Le froid est vif, le vent léger, à peine perceptible sur nos joues anesthésiées par le blizzard givré. On dépasse les 40 noeuds, 5 fois plus vite que le vent… L’enjeu est de régler le bateau pour qu’il s’auto-régule : position du pied de mât, longueur et tension des haubans, quête, hauteur de la voile, angle de tire de l’écoute, tous ces paramètres jouent sur le cintre du mât, dont la raideur est choisie en fonction du gabarit du pilote. 
Guidé par Vaiko et son fils Argo, j’explore les différentes possibilités. Si la glace est rapide, on privilégie la diminution de trainée, si au contraire ça colle, on a besoin d’un peu plus de puissance. Si le patin au vent se lève brutalement, c’est que les haubans sont trop tendus… Il faut jouer sur tous les paramètres et ce petit jeu est très, très intéressant. Changez deux réglages et le comportement du char passera d’un engin trop fougueux à celui d’une souplesse molle. Trouver le bon réglage demande un peu de doigté, mais bien guidé par mes hôtes, je trouve vite les clés des bons réglages.
Après, ce qui joue énormément, ce sont les patins : leurs matériaux, tendres ou durs, leur longueur et la forme de la lame, (bananée ou tendue), l’épaisseur de la feuille de métal, l’angle de taille du V qui pénètre dans la glace, la taille de la structure en carbone qui les rigidifient. Tout cela altère les performances selon que la glace soit dure ou molle (en général liée à sa température), sa rugosité, la présence d’une couche de neige plus ou moins fraiche ou collante… Apparemment, la théorie n’est pas si claire que cela et là, seul l’essai et l’expérience comptent.
Un jour le premier patin fonctionne à merveille, le lendemain, alors que les conditions semblent être similaires c’en est un autre… Les meilleurs ont jusqu’à 30 patins, qu’ils emportent avec tout leur matos vers la ligne de départ. De mon côté, j’avais le choix entre des patins durs et courts pour la neige, et des patins longs et « soft » pour la glace. Comme les voitures de rallye, on va sur la zone de course et on fait l’échauffement sur le parcours avec les patins durs, et on sauve les patins plus souples pour la course. Le moindre petit grain de sable peut rayer la surface et avoir des conséquences terribles pour la glisse. Nos soirées seront passées à peaufiner leur état de surface, à les aiguiser dans nos chambres d’hôtel pour être prêt le lendemain matin… 
Arrive la compétition, on commence directement par le gros morceau : le championnat du monde ! La flotte est séparée en 3 ronds par niveaux de 55 personnes (nous sommes 156 concurrents !), en fonction du classement des 2 années passées… Donc je commence forcément la compétition dans le rond le plus faible, le rond bronze, mais avec la ferme intention de progresser ! J’ai alors une unique opportunité pour passer dans le rond plus fort : il faut que je fasse dans les 12 premiers lors de la toute première manche du rond du championnat… Ce que je réalise ! Me voila dans le rond argent ! Je manque les qualifications pour l’or de peu, ayant perdu 4 des 6 pointes qui agrippent la glace sous mes chaussures au départ. Difficile de pousser dans ces conditions… Mais c’est la course et la suite sera une belle montée en puissance tout au long de la compétition, que je finirais à la 5e marche du rond Argent après avoir fini la dernière manche sur la seconde marche du podium ! Une performance inespérée après 4 maigres jours d’entrainement, mais les sensations sont au rendez-vous et j’apprends de mes erreurs de la veille.
Après ce championnat, on recommence tout pour les championnats d’Europe… Même chose, mais cette fois-ci, fort de l’expérience du championnat précédent, je mène la première manche sur 2 des 3 tours pour passer dans le rond argent, puis j’arrive à accéder au rond or après une bataille navale qui se clôture par un passage de ligne à 42 noeuds, où je coiffe sur le poteau quelques concurrents pour prendre une 9e place ! IN-CRO-YA-BLE !! Trop content d’accéder au rond or et de commencer le championnat sur les chapeaux de roues, ma motivation est à bloc. Malheureusement une légère couche de neige qui s’agglomère en petits tas vient dégrader notre jolie glace. Le vent se fait plus léger et je découvre ce que c’est que de pousser pour lancer en pleine manche ce petit bolide qui aime la vitesse, mais qui a besoin d’un peu de vent pour démarrer quand-même… J’apprends à mes dépends certaines règles un peu étranges sur la poussée dans la pétole, mais j’arrive à rentrer des manches dans les 23 premiers. La bagarre est rude, le paquet compact, la prise de décision immédiate… Et les croisements à 130 km/h de rapprochements frontaux méritent une attention constante. Pas le temps de réfléchir, il faut anticiper les décisions et ne pas être à contre temps… Un exemple, un empannage 2 secondes trop tard et c’est 25 personnes qui me marchent dessus sur le dernier portant d’une manche, où mon résultat final se voit doublé en quelques secondes. Un super apprentissage assurément ! 
C’est à une 35e place – sur 156 concurrents – qui sonne comme une victoire que je finis ce premier championnat d’Europe sur la glace, ravi mais frigorifié ! Et oui il fait -10°C sur la glace, mais avec 80km/h de vent apparent, ça nous donne un ressenti de -24°C… Je ne suis pas frileux, mais quand-même, ça finit par piquer après 7 heures sur la glace !
Je reviens avec 7 pages de considérations techniques, une vitesse de pointe de 46,8 noeuds (87km/h) par 10 noeuds de vent seulement, un cerveau apte à régater à 40 noeuds, une bonne compréhension des systèmes d’autorégulation souple de ce bateau super intéressant, et une folle envie de faire mieux l’an prochain !
Un immense et chaleureux MERCI à mon ami Vaiko et son fils Argo Voorema pour leur gentillesse sans limite, à Jaanus Tame, Mihkel Kosk et à tous mes amis givrés pour leur aide au jour le jour. Sans eux, je serai sans doute encore en train de pousser dans la neige ! Du fond du coeur, merci !
Et maintenant, petite pause de 2 semaines, et je vous retrouve archi-motivé aux Bermudes, pour les championnats du monde de Moth International ! On va voir si je suis plus rapide dans ma tête et sur mes foils !