Les P’tits Doudous, le trimaran Ocean Fifty d’Armel Tripon et Benoît Marie, vient d’arriver à Fort de France (Martinique) ce mardi 23 novembre. Armel Tripon et Benoît Marie ont franchi la ligne d’arrivée à 20 heures 28 minutes 22 secondes (heure de Paris). Ils prennent finalement la cinquième place de la Transat Jacques Vabre après 16 jours 7 heures 1 minute en mer à la moyenne de 17,35 nœuds pour 6782,44 milles réellement parcourus sur l’eau. Les P’tits Doudous est aussi le sixième bateau à arriver en Martinique. Pas mal sur une flotte de 79 concurrents au départ !

C’est une belle aventure et quelque part une victoire aussi pour Armel Tripon et Benoît Marie : ils ont réussi à traverser l’Atlantique en étant compétitifs. La chose était loin d’être gagnée d’avance alors que leur bateau avait démâté l’été dernier. Une avarie majeure qui avait contraint les deux skippers nantais à réussir une véritable course contre la montre technique pour être au départ du Havre le 7 novembre. C’est du passé ! Aujourd’hui en Martinique, l’heure est à la joie d’arriver après une traversée de l’Atlantique réussie.

« Traverser l’Atlantique à la voile n’est jamais anodin »

Seize jours de mer et d’aventures plus tard, de grandes glissades rapides, de quelques avaries et de toutes les météos atypiques possibles, il y avait à la fois de l’émotion et du soulagement pour Armel et Benoît qui auront bien mérité quelques jours de repos en Martinique. Car comme répète souvent Armel Tripon « traverser l’Atlantique à la voile n’est jamais anodin ». Parce que cela engendre toujours de multiples péripéties impossibles à relater aux terriens dans leur intégralité. Des péripéties et moments de vie en mer faits de stratégie, de vitesse, de tactique et de technique mais aussi de sensations, de vie à bord, parfois aussi de simple contemplation de la mer, en communion avec la nature.

Armel Tripon et Benoît Marie se sont parfaitement entendus en mer, dans une ambiance excellente, toujours portés par l’adrénaline de la compétition, souvent avec humour comme ils le signalaient dans leurs carnets de bord. Armel et Benoît se souviendront longtemps du soutien reçu de toutes parts et des multiples décisions à prendre sur cette Transat Jacques Vabre. Par exemple et entre autres dès « la pire dorsale de ma vie » (dixit Armel) quand le vent était totalement absent du golfe de Gascogne en début de course et qu’il a fallu batailler pour trouver enfin du vent et revenir.

Souvent proches du podium provisoire

Au long de la course, les skippers des P’tits Doudous auront été très souvent proches du podium provisoire – sauf dans l’archipel des Canaries où le futur vainqueur Primonial s’échappait… à bord du bateau avec lequel Armel Tripon a gagné la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018, pour l’anecdote.

Les skippers des P’tits Doudous n’ont finalement pas réussi à remporter leur dernier duel avec Solidaires en Peloton à l’approche de la Martinique. Cela s’est joué à rien, mais peu importe après tout : quatrième ou cinquième ne change pas grand-chose à l’histoire. On l’a dit, réussir à traverser l’Atlantique en mode compétition est déjà une belle victoire. Qui plus est pour une bonne cause et avec le soutien de nombreux partenaires que les deux hommes ont tenu à remercier. En cerise sur le gâteau, le coup de projecteur médiatique sur la classe des Ocean Fifty (trois d’entre eux Primonial Koesio et Leyton ont été les premiers arrivés en Martinique devant l’Ultim Edmond de Rothschild) n’est pas pour déplaire aux deux skippers des P’tits Doudous. « Le bateau est fabuleux » nous a souvent répété Benoît pendant la course. C’est confirmé.

Ils ont dit :

Armel Tripon : « Ce match-racing sur la fin c’était vraiment sympa, ça a mis un peu de piment sur l’arrivée. C’est toujours bien d’avoir un bateau à côté de soi pour aller plus vite. C’était assez intense, très intense même. Elle était bien fatigante cette fin de course. 

On a quand même eu deux Pot au Noir pour le même prix ! La double peine. Mais on a montré que les bateaux de notre classe l’avaient traversé de manière assez extraordinaire. On allait vite tout le temps, mais ce sont quand même des zones un peu piégeuses. 

Il y a eu plein de super moments, de glisse, de bagarre. On a bien fonctionné, c’était cool.  

Il y a eu quelques passages clés dont la dorsale dans le golfe de Gascogne, le Pot au Noir où on s’est fait un peu lâcher par Leyton. Mais on n’avait quand même pas beaucoup de milles dans les pattes. On était encore en train de tâtonner sur pas mal de choses et dans les phases de transition ça fait des petites différences qui font que les autres peuvent nous distancer. 

La perte de l’aérien a été une vraie galère. Barrer, même régler le bateau sans avoir aucune info avec un vent très changeant n’était pas inintéressant mais ça nous a mis quand même une petite difficulté supplémentaire et de la fatigue. 

On a été au contact avec des bateaux tout le temps, avec Leyton notamment. Puis on a fini avec Solidaire en Peloton, on discutait avec eux à la VHF. Ils nous ont bien collés et à la fin, ils nous ont bien dépassés. On était un peu vexé, il faut le dire (rires) ! »

Benoît Marie : « De cette course, je retiens l’équateur… mon premier, c’était quelque chose. 

On n’a pas eu trop de problèmes, on n’a rien caché. Il y a eu un passage à niveau au niveau du Four et ceux qui avaient quelques mètres d’avance sur nous sont partis avec le courant. C’est un premier obstacle qu’on a payé toute la course. Après, il y a eu trois autres passages sans vent qui nous ont coûtés un peu cher. 

Il faut quand même rappeler qu’un mois avant le départ, on n’avait pas de mât et pas de sponsor. Être là, c’est quand même une sacrée victoire. 

Sans l’aérien, la nuit, on était un peu en aveugle. On ne savait pas quelle voile mettre parce qu’on ne voyait pas la mer, on ne savait ce qu’il y avait comme vent.

Ce matin, ce n’était pas l’ambiance à bord, mais ça fait partie du jeu et on est bien revenu sur eux. Mais on n’aime pas perdre (rires) !

On est très exposé sur ce bateau. On est sous l’eau en permanence. Les conditions de la transat étaient quand même idylliques. Mais on était à quatre pattes tout le temps, comme un chien dans la niche ! Il n’y a pas un endroit dans le bateau où tu es bien, assis, debout ou allongé ».