Le bilan personnel de ce championnat à haut niveau est partagé entre l’immense satisfaction d’avoir conçu un bateau qui en vitesse pure a un énorme potentiel et qui structurellement tient sans soucis et fonctionne vraiment bien, donc ça valide mon travail d’ingénieur réalisé ces derniers mois et c’était mon objectif n°1 sur ce championnat, et celui, plus mitigé mais logique, qui est le constat qu’un bateau neuf comme celui-ci nécessite du temps de prise en main.

Découvrir ce bateau en cours de régate ne permet pas de réellement régater et je me suis senti très en deçà de mes capacités et niveau de jeu habituel sur les phases de régates. Et sur ce plan d’eau où le seul salut est sur la gauche du plan d’eau sur un bord obligatoire, il est indispensable de prendre des bons départs, ce que j’ai eu beaucoup de mal à faire.

Maintenant l’objectif pour le prochain mondial sera de régler ce gréement qui n’est encore pas assez auto régulant à mon goût, et de passer des heures sur l’eau pour savoir utiliser ma machine et réellement régater à mon niveau. Par exemple je cherchais en cours de championnat le compromis sur la hauteur de vol qui permettait de contre gîter plus ou d’avoir moins de surface dans l’eau mais être plus à plat. Mais si on n’arrive pas à stabiliser l’assiette on ne peut pas utiliser la puissance procurée par la contre gite. Normalement une année normale je fais entre 12-17 régates, or cette année je n’ai fait qu’un grand prix en trimaran et un offshore.

Mais je le savais et je suis venu sur ce mondial sans prétention de résultat mais pour voir ce que ce nouveau bateau avait dans le ventre, et malgré la frustration de ne pas jouer à mon niveau (34e/142) je repars en ayant le sentiment d’avoir rempli mon contrat et c’est ce qui compte. L’an prochain je viendrai non pas en tant qu’ingénieur dévelopeur mais en tant que marin régatier, et ça va être une autre histoire !!!

Un immense bravo à Tom Slingsby qui garde haut la main la coupe de ce mondial en gagnant toutes ses manches sauf une où il fait second. Comme à Perth en 2019 sa vitesse était insolente et il ne fait pas d’erreur , donc personne n’a pu rivaliser. Bravo à Ian Jensen et Paul Goodison qui complètent ce podium, et un clin d’oeil particulier a Aymeric Arthaud qui a monté une superbe campagne pour finir 19e et premier français.

Photos : Martina Orsini